Je refuse de m'habituer à ça.
Rester scotché à l'écran de télé, horrifié et abasourdi. Prendre des nouvelles des proches, la boule au ventre. Totalement impuissant face à une folie inimaginable.
Rester calme face aux récupérations politiciennes. Ne pas s'énerver face à ceux qui veulent mettre les souffrances en compétition.
Même si c'est un fait que l'élan de solidarité est à géométrie variable selon l'origine géographique du peuple touché dans ses chairs.
Cet après-midi j'ai lu un article qui dénonçait le sexisme des plateaux de télé. Il n'y avait d'après son auteure pas assez d'intervenants femme sur les plateaux de télévision, parmi les spécialistes du terrorisme. Moi je trouve ça tout à l'honneur de ces dames de ne pas être spécialistes de la chose. Et puis vraiment, est-ce le bon moment pour le combat féministe ? À la réflexion je n'ai pas vu beaucoup de roux, d'obèses, d’inuits et d'handicapés non plus...
Fin de la parenthèse.
Oui je sais je deviens grincheux avec l'âge.
L'après-Charlie a été dur à vivre.
Qu'est-ce qu'ils vont bien pouvoir argumenter cette fois les fous de la théorie du complot ? Les adeptes dégueulasses du "ils l'ont bien cherché" ?
Je les aimais bien moi ces caricaturistes libertaires, grossiers et libidineux, que je ne lisais pas vraiment.
Mais je m'égare. Je voulais parler d'amour et de bienveillance.
Ils m'ont rendu fier mes compatriotes. Sans chauvinisme. Dans leur dignité, leur solidarité et leur capacité à ne pas tomber dans les amalgames dangereux et la haine.
Moi qui ne suis pas fans des uniformes, je suis ce soir très fier de nos
forces de police. Fier et reconnaissant. Même si tout à l'heure les
voir planqués derrière un buisson à essayer de piquer un peu de pognon à
des automobilistes qui pour la plupart ont du mal à boucler les fins de
mois, m'a semblé bien pathétique et dérisoire.
Évidemment que nous devons continuer à aller aux spectacles, à picoler en terrasse, à aimer la bonne bouffe, à fumer, à pisser dans la rue, à faire la fête avec les touristes et étudiants étrangers, à draguer et à baiser ! En grand lécheur de chattes et bouffeur de culs assumé, la tribune de Michel Hazanavicius ce matin m'a évidemment fait sourire.
Évidement le sexe est au cœur du sujet.
Le salir n'est pas le moins grave de leurs crimes. Funeste arme de recrutement. Donner un permis de violer et des esclaves sexuels, avec légitimation morale en cadeau, à un pauvre type incapable de lever une fille et débordant de haine misogyne... imparable ! Mais ces types deviennent des petites mains, des larbins. Les martyrs, on les recrute dans le grand banditisme.
Mais je m'égare. Je voulais parler d'amour et de bienveillance.
Qu'est ce qui peut bien les défriser autant les religieux à propos du sexe ?
Quel rapport avec l'existence d'une entité supérieure ? Avec une explication à notre existence et notre présence ? Quel rapport avec le savoir vivre ensemble ?
Que le pénis coulisse dans une chatte, une bouche ou un anus.
Ou que les protagonistes y prennent plaisir ?
À moins que ce soit une question de pouvoir.
Masculin.
Bref, je peux comprendre le concept de dieu. Je n'arrive pas à comprendre le concept de religion.
Mais je n'en éprouve pas moins du respect et de l'estime pour mes amis et collègues qui croient.
Parce que je les aime.
Souvent, dans la colère, je les traite de fous les méchants qui haïssent la vie et la liberté. Mais c'est une erreur sémantique. C'est manquer de respect aux fous.
Mais je m'égare. Je voulais parler d'amour et de bienveillance.
Parce que plus que jamais nous avons besoin d'amour et de bienveillance.
Nous avons besoin de (nous) dire les choses et de débattre bien sûr. Mais nous n'avons pas besoin de rechercher en permanence le conflit et la polémique, quitte à jeter de l'huile sur le feu et blesser, pour quelques likes et un buzz sur Twitter.
Nous n'avons pas besoin d’inonder les réseaux sociaux d'injures pour faire avancer le débat politique, et plus important, notre société.
Nous avons besoin de nous écouter.
Nous avons besoin d'éteindre la télévision.
Nous avons besoin de beauté.
Nous avons besoin de pragmatisme.
Nous avons besoin de ne pas oublier que dieu est une hypothèse. Et d'accepter que certains la trouvent malgré tout plausible.
Nous avons besoin d'éjaculer dans qui nous voulons, sans être jugés, sans risquer de nous faire tabasser, humilier ou stigmatiser.
Nous avons besoin que notre bouille, notre couleur de peau, nos origines sociales ne disent pas/plus qui nous sommes, ce que nous aimons, ce en quoi nous croyons.
Nous avons besoin de baiser plus souvent avec des femmes plus jeunes que nous, aux seins ronds et aux fesses fermes.
Nous avons besoins d'utiliser le nous pour dire le je.
Ah ah.
Je fais le malin et...
Je n'ai pas vraiment réussi à vous parler d'amour et de bienveillance.
De la pudeur sans doute, car aux lendemains des événements sinistres du week-end, comme en janvier dernier, j'éprouve étrangement beaucoup d'amour pour vous, mes salauds de congénères.