vendredi 19 février 2010

Un jour je t'aimerai moins...

On parle souvent de la mauvaise influence du cinéma X, de ses consommateurs égarés qui en viennent à prendre leurs fantasmes de super-baiseuses perverses, insatiables et dociles pour la norme et ainsi à se comporter comme des rustres, voir à devenir violents lorsque la réalité les ramène à leur condition.

On devrait se pencher sur les effets secondaires provoqués par l'abus de comédies romantiques. Tout comme le porno met en scène des femmes qui n'existent pas, la comédie romantique dépeint des profils qui n'existent que dans le fantasme féminin. La surconsommatrice de mièvreries sentimentales en vient non seulement à croire que l'homme dont elle rêve existe mais en plus qu'elle l'a épousé. Qu'il a juste besoin d'être un peu upgradé. Et que c'est indolore.

On parle d'un homme qui après avoir passé dix heures à sauver l'emploi qui paye le loyer, les traites de la voiture et l'armoire pleine de chaussures de marque que madame ne porte jamais, est capable de rentrer à la maison souriant et détendu comme s'il venait de passer la journée à faire les vitrines avec ses amis, disponible pour mettre la table, écouter le récit d'une journée de femme au foyer et discuter de la couleur du papier peint de la future chambre d'ami (quand il aurait bien voulu virer son bazar). Un homme qui remarque au premier regard que sa dulcinée a coupé un demi-centimètre de sa frange et que ça valait bien 40 euros. Un homme qui se souvient de l'anniversaire de sa belle-mère et sait faire comme si son beau-père n'était pas un trou du cul. Un homme qui n'a que cela à faire de jouer les pères de substitution 24h/24 parce que le vilain papa de sa moitié ne lui faisait pas (assez) de câlins quand elle était petite. Un homme qui saute de joie à l'idée de passer sa journée de repos à Ikea pour acheter de nouveaux rideaux. Un homme qui a encore 2h par jour à consacrer au sport pour rester en forme et qui a en permanence envie de sa femme malgré ses radotages et sa maniaquerie maladive. Un homme qui garde tout son calme quand à 20h15 sa bien-aimée est toujours enfermée dans la salle de bain et que le diner auquel ils se rendent à lieu à 20h à 50 km de là. Un homme qui se réjouit à l'arrivée du grand hold-up commercial de la Saint-Valentin et reste en toutes circonstances prompt à balancer à la mitraillette des mots d'amour totalement vidés de leur substance à force d'être employés à tort et à travers. Un homme qui pense que rien d'autre ne compte que son couple. Un esclave affectif.


jeudi 4 février 2010

Femme fontaine, jeu de mot facile

Je connais assez peu Brigitte Fontaine. De cette femme parfois déconcertante je connais surtout Comme à la radio, l'album qu'elle a enregistré avec l'Art Ensemble of Chicago à la fin des années 60. J'avais jusque là jeté une oreille fort distraite sur son œuvre contemporaine. Et puis ce matin à la radio j'ai entendu cette chanson, Prohition.

J'exhibai ma carte senior
Sous les yeux goguenards des porcs
Qui partirent d'un rire obscène
Vers ma silhouette de sirène

Je suis vieille et je vous encule
Avec mon look de libellule
Je suis vieille et je vais crever
Un petit détail oublié

Passez votre chemin, bâtards
Et filez vite au wagon-bar
Je fumerai ma cigarette
Tranquillement dans les toilettes

Partout, c'est la prohibition
Alcool à la télévision
Papiers, clopes, manque de fric
Et vieillir dans les lieux publics

Partout, c'est la prohibition
Parole, écrit, fornication
Foutre interdit à soixante ans
Ou scandale et ricanements

Je suis vieille et je vous encule
Avec mon look de libellule
Je suis vieille et je vais crever
Un petit détail oublié

Les malades sont prohibés
On les jette dans les fossés
À moins qu'ils n'apportent du blé
De la thune aux plus fortunés

Les vieux sont jetés aux orties
À l'asile, aux châteaux d'oubli
Voici ce qui m'attend demain
Si jamais je perds mon chemin

J'ai d'autres projets, vous voyez
Je vais baiser, boire et fumer
Je vais m'inventer d'autres cieux
Toujours plus vastes et précieux

Je suis vieille et je vous encule
Avec mon look de libellule
Je suis vieille, sans foi ni loi
Si je meurs, ce sera de joie

Pas mal, non ?


mercredi 3 février 2010

Fake

Je ne sais pas ce qui est le plus triste, le porno en images de synthèse ou Guitar Hero.

mardi 2 février 2010

Femmes de footballeurs

L'adultère a mauvaise presse en ce moment. Tiger Woods, hier adulé outre-Atlantique, s'est fait crucifier sur la place publique, non sans une pointe de racisme revanchard, pour avoir entretenu de nombreuses aventures extraconjugales. Et on se souvient tous de l'affaire Monica Lewinsky et de l'obscénité du déballage public qui s'en suivit. Aujourd'hui la presse anglaise s'acharne sur le footballeur de Chelsea John Terry accusé d'avoir baisé la femme d'un de ses coéquipiers (en club et en équipe nationale), ce qui nous en conviendrons tous n'est pas très sympa. Il se voit aujourd'hui très sérieusement menacé d'une interdiction de participer à la prochaine coupe du monde. Sa fédération avance l'argument selon lequel le malheureux cocu ne pourrait décemment continuer à exercer son métier aux côtés du responsable d'un tel affront. Il y a encore quelques années, ils se seraient un peu foutus sur la gueule, ça aurait fait deux lignes dans les gazettes sportives et ils seraient passés à autre chose. Mais on vit dans l'ère de l'info spectacle, du scandale et de la polémique.

Allez, pour rester dans le monde du ballon rond, une de mes citations favorites :

"En 1969 j'ai arrêté les femmes et l'alcool, ça a été les 20 minutes les plus dures de ma vie - George Best".


lundi 1 février 2010

Déception et confirmation

C'est sans doute le lot des grands de décevoir de temps en temps. J'ai une grande admiration pour Ethan et Joel Coen. De Blood Simple à Fargo en passant par The Barber leur filmographie est jalonnée de petites perles de cinéma. Ces dernières années ils avaient déjà montré quelques signes de faiblesses avec des comédies agréables mais un peu légères (Intolérable cruauté, Ladykillers…). Avant de se reprendre de façon magistrale avec No Country For Old Men. Aujourd'hui ils font dans un nouveau genre en vogue dans le cinéma indépendant US : la comédie pas drôle (voire The Informant de Soderbergh). Burn after reading peinait à arracher quelques sourires. A Serious Man est une véritable purge. Je ne m'étais pas autant ennuyé au cinéma depuis La Divine Comédie de Manoel de Oliveira. Peut-être parce que je suis totalement hermétique à la chose religieuse. Probablement. Toujours est-il que l'histoire de cet homme incolore et pleurnichard qui courbe invariablement l'échine devant des épreuves qui relèvent parfois de l'anecdotique, traitée avec grande austérité et plombée par les références religieuses (parfois absconses pour l'athée que je suis) ne m'a tiré que bâillements consternés et incompréhension.

Un manque d'inspiration que ne connait pas Jason Reitman, réalisateur du formidable Juno et du très agréable Thank you for smoking. Précédée d'une réputation flatteuse, In the air est une excellente comédie taillée sur mesure pour un George Clooney une nouvelle fois parfait dans un rôle d'expert en licenciements ayant organisé sa vie de façon à fuir tout engagement. J'aime beaucoup Clooney dont les choix artistiques sont remarquables. Je retrouve chez lui beaucoup de ce que j'aime chez Cary Grant, mon acteur préféré. Le dénouement aurait sans doute mérité d'être moins politiquement correct mais sans en avoir l'air le film règle quelques comptes avec un monde du travail de plus en plus déshumanisé.

J'ai enfin vu Welcome que j'avais raté par un incroyable concours de circonstances lors de sa sortie en salle. C'est effectivement l'un des meilleurs films de 2009. Vincent Lindon est comme d'habitude parfait. Le film évite soigneusement de tomber dans les pièges auquel est promis ce genre de film et pose de nombreuses questions auxquelles il n'existe peut-être pas de réponses. Décidément le cinéma français reprend du poil de la bête.