mercredi 10 juin 2009

Trop

Le paradoxe de l'existence c'est qu'elle est trop longue pour qu'on se rende compte qu'elle est trop courte

mardi 9 juin 2009

La pipe qui changea le monde (un texte trop long mais illustré certifié 100% sans Bill Clinton)

Il existe juste à côté de chez nous un petit pays tout plat d’environ 10 millions d’habitants dont plus de 40% parlent une langue très proche de la notre, avec un accent pittoresque non dénué de charme. Un pays où l’on vient tout juste de découvrir la carte à puce, où le budget national alloué à l'entretien des autoroutes et aux panneaux de signalisation routière ne doit pas dépasser le budget chasse-neiges de la Côte d’Ivoire, mais où la radio est un peu plus écoutable que chez nous. Un pays où l’on diffuse sur les chaines de la télévision publique des concerts de rock, des films en VO ou, comme hier soir, un excellent documentaire (Inside Deep Throat) sur le 1er grand succès du cinéma porno, avec images explicites (une fellation en gros plan) diffusées à 22h30. Certes chez nous Arte diffuse de temps à autres et dans la plus grande discrétion quelques programmes aux contenus explicites, mais à des heures où plus personne ne la regarde. J’imagine mal le documentaire d’hier soir diffusé sur France 2 en seconde partie de soirée. Un doc bien plus intéressant que je ne l’aurais imaginé à première vue (malgré sa bonne presse lors de la sortie en salle).

Inside Deep Throat ressitue le contexte historique, narre le tournage et les problèmes de censure rencontrés lors de la sortie en salle de Deep Throat (Gorge profonde en français), une comédie porno aujourd’hui culte qui popularisa largement l’art de la pipe dans le cinéma X et les foyers américains (et occidentaux). Il s’agit surtout du portrait d’une époque (le début des années 70) où le cinéma porno est un truc amusant synonyme d’aventure, de transgression, d’insouciance, de liberté et d’activisme politique. Tout ce qui en somme fait l’intérêt du porno et s’est perdu aujourd’hui. Il raconte le combat de quelques libertaires érotomanes contre la censure et pour le droit à se branler devant des images cochonnes.

Proche dans l’esprit du film de Milos Forman sur Larry Flint, Inside Deep Throat donne la parole aux censeurs, tellement caricaturaux qu’il n’est même pas la peine d’y ajouter quoique ce soit. On y voit le procureur qui obtint une condamnation à 5 ans de prison pour l’acteur principal du film (peine annulée par l’administration Carter) vous expliquer sans même la moindre once d’humour qu’il a vu le film des dizaines de fois pour préparer le procès et qu'il est encore aujourd’hui traumatisé par des images qu’il souhaiterait ne plus avoir à l’esprit. Hilarant comme nombre d’anecdotes révélatrices des mentalités de l’époque, telles ce procureur qui tenta de faire interdire le film expliquant devant un tribunal que celui-ci était dangereux pour les femmes car il faisait l’apologie du "mauvais orgasme". Comprenez par là l’orgasme clitoridien opposé à l’orgasme vaginal, jugé lui moralement acceptable puisque - dans son esprit - il requiert pénétration, et donc un homme. Le tout arbitré par un juge quinquagénaire n’ayant jamais entendu parler de clitoris de toute son existence.

On s’amuse également de quelques savoureux extraits pré-Deep Throat de films éducatifs sur la sexualité. Pour contourner une loi sur la diffusion d’images pornographiques, les 1ers films sexuellement explicites étaient tournés sous forme de films éducatifs, avec voix off didactiques et musiques circonstancielles qui ne dépareraient pas dans un épisode du Message à caractère informatif. Personne bien sur n’étant dupe sur la finalité masturbatoire de ces ovnis audio-visuels. Quand je pense que j’ai eu droit à 14 ans à un épisode d’Il était une fois la vie pour illustrer un cours sur la reproduction alors qu’existaient de tels supports d’enseignement !



Tourné avec des bouts de ficelle, Deep Throat est du propre aveu de son auteur un nanar. Le scénario est totalement farfelu. Le film raconte l’histoire d’une jeune femme qui découvre que son clitoris est situé au fond de sa gorge et se voit donc contrainte de tailler des pipes pour le stimuler et atteindre l’orgasme (vous me direz, il y a pire, j’ai souvenir d’un film avec une foufoune qui parle). Fantasme masculin ou besoin de légitimer une pratique à l’époque peu courante ? Toujours est-il que le film imposa de nouveaux standards au cinéma porno. Et messieurs, si vous avez le droit à votre pipe du matin, vous le devez en partie aux talents d’une gorge profonde nommée Linda Lovelace.

Car si le film a rapporté des millions de dollars, c’est sans doute parce qu’il est arrivé au bon moment. Diffusé dans des cinémas « classiques », il a pu être vu par un public qui souhaitait voir de la pornographie sans fréquenter les cinémas glauques des quartiers chauds. Une critique positive dans le très respecté New York Times donna un alibi culturel à la petite bourgeoisie souhaitant s'encanailler et différentes tentatives de censure créèrent un buzz incroyable autour du film. Mais le film doit surtout son succès à son actrice principale, dont le réalisateur du film dit qu’il dût arrêter la caméra lors de son 1er essai tant ce dont elle était capable était incroyable.

En fait, ce « truc incroyable dont elle était capable » consistait ni plus ni moins à prendre entièrement dans sa bouche un chibre de bonne taille lors d’une fellation goulue. Une performance qui ne constitue plus depuis longtemps le minimum du minimum syndical pour une actrice X et correspond aujourd’hui au strict minimum qu’un homme attend de sa partenaire. Mais à l’époque semble-t-il cette performance était hors-norme. Preuve s’il en fallait que le cinéma pour adultes a très nettement fait évoluer nos mœurs, que nous en soyons consommateurs ou non.


L’une des faiblesses à mon goût du documentaire est de ne pas s’attarder suffisamment le parcours de son actrice principale qui appelle nombre d’interrogations. Actrice charismatique et enthousiaste, devenue sex-symbol et fer de lance d’un militantisme anti-censure, Linda Lovelace vivra finalement très mal sa popularité. A moins que ce soit l’absence de retombées économiques qu’elle ait mal vécu. Comme beaucoup d’autres actrices X après elle, elle éprouvera le besoin de se repentir et deviendra une fervente militante au sein d’un mouvement féministe anti-porno. Dans sa biographie elle déclarera avoir tourné sous l’emprise violente d’un mari qui l’aurait forcée à tourner. Des allégations controversées, démenties par tous ceux qui ont participé à l’aventure. Mais qui sait réellement ? Elle ira jusqu’à déclarer sur un plateau de télévision que regarder Gorge Profonde équivalait à « la regarder se faire violer ». Si tout tend à prouver qu’elle était tout à fait consentante lors du tournage (et de la promotion du film), il serait intéressant de s’intéresser aux mécanismes qui poussent tant de porn stars à se renier et à se transformer en bigotes puritaines. Au début des années 2000 elle changera à nouveau d’avis et posera à 50 ans passés pour une série de photos sexy dans un magazine cochon.

En tissant le portrait d’un cinéma porno jovial, instinctif et finalement assez candide, Inside Deep Throat pose indirectement la question des limites d’un cinéma porno devenu industrie et obligé de constamment se renouveler en se focalisant sur des pratiques peu connues/courues du grand public (chronologiquement le pluralisme, la fellation, la sodomie, la double pénétration, l’éjaculation faciale...) et de plus en plus hard. Il y a eu la révolution du X amateur, du gonzo, de l’ultra-spécialisé... On peut se demander quelle sera la prochaine révolution. Peut-être le porno féminin que l’on nous prédit depuis des années.

lundi 8 juin 2009

Lettre à la direction d’une grande enseigne scandinave de prêt-à-porter

Mesdames, Messieurs,

Ce n’est pas pour me plaindre de l’usure au lavage tel ou tel de vos produits ou de soldes que j’aurais manqués que je prends le temps de prendre la plume mais pour vous féliciter. Je vous explique.

Ce samedi matin alors que j’accompagnais Petite Brune dans une de ses interminables tournées shopping dans lesquelles elle arrive parfois à m’entrainer en s’adonnant à un odieux chantage sexuel, je fus pris au fur et à mesure qu’elle essayait des vêtements d’été d’une furieuse envie de baiser. Lorsqu’elle essaya un de vos jeans taille basse, c’en fût trop pour moi. Profitant de quelques instants d’inattention de la vendeuse surveillante, je m’engouffrai dans la cabine pour l’une des baises les plus exaltantes que j’aie vécue.

Et c’est là je tiens à vous féliciter. Vos cabines sont parfaites. Une porte avec verrou en lieu et place du traditionnel rideau, ce qui rassura ma partenaire sur l’éventuelle intrusion d’une vendeuse incommodée par le vacarme de nos ébats ou alertée par quelques clientes jalouses ou mal baisées. Des cabines spacieuses permettant toutes les excentricités dans un confort appréciable, un petit tabouret pour les amateurs d’acrobaties, un grand miroir idéalement placé… Vraiment vous avez pensé à tout. Tout juste est-il à regretter une lumière un poil trop crue mais je vous le concède ce n’est que de l’ordre du détail.

Je tiens également à louer l’extrême retenue de votre personnel qui a eu la courtoisie de n’opposer à nos débordements sonores qu’un petit sourire amusé. Un professionnalisme qui vaut toutes les campagnes de fidélisation.


vendredi 5 juin 2009

Petit scarabée, gros cochon

Mourir à 72 ans d'un accident auto-érotique n'est pas la pire des morts... tant que cela n'arrive pas aux oreilles de la presse.


mercredi 3 juin 2009

Le travail c’est la santé

La douceur d’une brise estivale dans le grand bureau vide. Du coca frais et des fraises. Monfils-Federer plein écran. Que demander de plus ? Ah oui, une pipe peut-être...


I feel good

Je crois que le printemps, petit à petit, fait son œuvre. Je sens des frémissements, des naissances d’envies. Photographiques notamment. Merci encore à cette lectrice qui se reconnaitra pour son mémorable calendrier de l’avent que j’ai pris beaucoup de plaisir à compulser à l’heure du déjeuner. J’ai des envies de rythmes syncopés, de musiques sensuelles sous les étoiles, de séduction et d’inconnu(es), de bains de minuit et de nature, de nuits blanches et chaudes, d’ivresse et d’adrénaline, de baises pulsionnelles et de douceur estivale sur ma peau. L’idée d’organiser la soirée luxure de mes rêves pour mon anniversaire a refait surface. Ma fixation sur les culs taille 36 est en train de me passer. Là comme ailleurs je suis pour l’éclectisme. Je n’ai pas encore baisé la stagiaire. Ce matin, la suivant dans les escaliers qui mènent à nos bureaux je ne pouvais décoller le regard de son cul parfaitement moulé dans son jean Levi’s. Hier elle m’a confié être célibataire depuis presque un an, ce qui j’ai l’impression signifie qu’elle n’a pas baisé depuis. Allez comprendre les jeunes d’aujourd’hui ! La baise sur le lieu de travail est souvent source d’emmerdes mais j’ai toujours aimé mettre les doigts là où il ne faut pas. Je ne me suis pas senti aussi bien depuis des semaines. Je crois que j’ai réussi à me réconcilier avec l’un de mes moi.


mardi 2 juin 2009

Quelques secondes

La scène ne dure que quelques secondes. Je suis dans le hall de mon immeuble, vérifiant mon courrier, lorsqu’elle déboule derrière moi en silence. Je ne l’ai pas entendue arriver et sursaute lorsqu’elle me salue. Je suis déjà en situation de faiblesse.

Elle a dans la voix cet enthousiasme presque excessif de la femme qui a envie d’être désirée, de tester son pouvoir de séduction sur un inconnu avant de rejoindre l’homme qu’elle convoite. Un petit jeu qui est à l’origine de bien des malentendus entre femmes et hommes non éduqués.

Je suis instantanément aimanté par son regard, d’un bleu très clair. Elle a dans les yeux cette lueur typique de la femme amoureuse. Son visage irradie. Elle a la peau blanche et laiteuse. On devine qu’il ne faut pas forcer pour la faire rougir. Je la salue à mon tour en tentant de ne pas trop laisser transparaitre mon trouble. Raté.

Avec sa petite robe d’été, légère et virevoltante, elle a tout de ces jeunes filles de bonne famille qui paraissent trop sages pour qu’on y croit vraiment. Je me retourne sur cette ravissante tornade, fraiche et inattendue. Les rayons de soleil déclinant traversent la grande vitre de la porte d’entrée et, pour mon plus grand bonheur, sa robe d’un blanc immaculé. Opportunes transparences laissant apparaitre furtivement string et fesses nues.

La porte d’entrée se referme bruyamment et il ne reste plus dans la pièce que son parfum.

Il me faut quelques secondes pour reprendre mes esprits. Quelques secondes pour balayer de la main mon envie soudaine de tomber follement amoureux. Quelques secondes pour chasser de mon esprit des images hautement pornographiques et pourtant d’une douceur infinie. Quelques secondes pour ne plus jalouser l’homme qui dans quelques minutes ou quelques heures la possédera, dans un lit ou sous un porche.

Quelques secondes pour ne pas succomber à la nostalgie.