mardi 22 septembre 2009

Paradis perdus et illusions de modernité

Je n'ai jamais été un grand fan des Beatles. Pour tout vous dire je trouve les p'tits gars de Liverpool un peu surcotés. Pas mauvais non, loin de là, mais surcotés. Il me semble que l'on confond - comme récemment pour Mickael Jackson - ultra-popularité et génie musical. On ne peut certes nier leur talent pour trousser à un rythme effréné de jolies sucreries pop ou leur goût pour l'expérimentation qui donna quelques beaux albums dans les dernières années mais tout ceci reste malgré tout "que" de la popinette de blancs-becs. Le vrai truc est ailleurs. Et pour la magnificence mélodique, la pop absolue, on est en droit de préférer les Beach Boys. Mais ce n'est là qu'appréciation personnelle.

La réédition de la discographie entièrement remasterisée des Fab Four aura au moins eu le mérite de (re)-lancer le débat sur le confort d'écoute en pleine période de régression audiophile. Patrick Eudeline a pondu un excellent article dans le dernier Rock & Folk sur le débat qui fait rage chez les puristes autour de la (discutable) remasterisation en stéréo d'albums conçu en mono, avec un constat qui fait réfléchir : malgré tous les efforts déployés, toutes les technologies disponibles, le son est faiblard comparé à ces bons vieux vinyles qu'on a un peu vite jetés à la poubelle.

Pendant des décennies, on a essayé de gagner en qualité d'enregistrement et en confort d'écoute pour en arriver à ce que les gamins écoutent des mp3 sur un téléphone portable (vous me direz, si c'est pour écouter Rihanna…). On développe des procédés de remasterisation en espérant arriver un jour à s'approcher de la qualité… des disques vinyles. On se mord franchement la queue. Mais les oreilles se sont habituées à la pauvreté du MP3. Les multinationales qui pleurent sur la baisse des ventes de CD sont les mêmes qui font leur beurre en commercialisant le matériel permettant piratage et disparition du support. Comme dirait Coluche, c'est un numéro de cirque, il y en a un qui coupe les oignons et l'autre qui pleure.

Il semblerait que les chiffres de vente des coffrets remasterisés de la bande à Lennon soient plutôt bons. Puissent-ils redonner le goût d'une qualité d'écoute. La disparition du disque que l'on nous promet pour bientôt n'a rien d'une avancée dont on doit se réjouir. Contre les vents dominants, je suis pour la loi Hadopi, faute de mieux. Rien ne justifie le piratage. Pas même l'argument du prix. J'ai un collègue que ça ne dérange pas de claquer 50 euros en une soirée en mauvaise bière pour s'offrir une gueule de bois pendant deux jours et qui trouve que c'est d'un bon rapport qualité/prix. Comme beaucoup de gens il n'a plus acheté de CD depuis des années car il trouve que 15 euros pour le résultat d'une année de sang et de sueur, pour des heures et des heures de plaisir pour toute une vie c'est du vol. Voilà où en est. Ça me ferait peut-être rire si ce n'était pas aussi pathétique.


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