Dans ma boite mail je reçois des invitations d'inconnus à des gang bangs, à des soirées putes, à des soirées Eyes Wide Shut. Je ne l'ai pas revu depuis sa sortie en salle mais j'avais bien aimé le film de Kubrick dont je ne suis pas ailleurs pas un grand fan. Il avait réussi l'exploit de me rendre Tom Cruise supportable et quelque peu aiguisé mes sens. Je garde toujours dans ce coin de ma tête cette idée d'une orgie classieuse et masquée. Toutes les femmes auxquelles j'ai parlé du film m'ont dit ne pas avoir apprécié le film, qu'il mettait en scène des fantasmes masculins dans lesquels elles ne se reconnaissaient pas. Il s'agit de l'adaptation par un homme d'une nouvelle écrite par un homme, elles ne doivent pas avoir tort. Ce qui m'inquiète par contre c'est qu'en général elles me parlent de ce nanar eighties avec Mickey Rourke et Kim Bassinger. Ou de Basic Instinct. Je me souviens qu'au moment de sa sortie on racontait tout et n'importe quoi sur la fameuse scène où Sharon Stone décroise les jambes. Je n'ai pas boudé mon plaisir devant cet entrecuisse furtivement dévoilé, mais j'avais préféré Jeanne Tripplehorn que je trouvais bouleversante quelques années plus tard dans Timecode de Mike Figgis. Depuis, elle a cédé aux sirènes de la chirurgie esthétique qui a défiguré à jamais tant d'actrices d'Hollywood.
Bande son :
George Clinton - Hollywood
17 commentaires:
Celui qui m'a le plus excité bien plus que EWS, c'est Orange Mécanique, je ne sais pourquoi mais il m'a marquée.
@ duel au soleil:
Je ne suis pas un grand fan d'Orange Mécanique. Sur le fond c'est un film intéressant, sur la forme il me laisse totalement insensible.
La dimension érotique du film m'échappe un peu... Pouvez-vous m'en dire plus ?
Cette scène plus particulièrement et celle aussi où il est dans une chambre avec deux filles :)
http://duelosoleil.wordpress.com/2010/06/17/tout-le-plaisir-est-pour-moi/
Duel m'a enlevé les mots de la bouche...Entièrement d'accord avec elle !...comme souvent :)
Comme quoi nous ne sommes pas tous sensibles aux mêmes images et notre imaginaire ne se mets pas en branle pour les mêmes choses. Je crois que les raisons sont au-delà de l'âge et du sexe du spectateur.
Bien sûr les raisons sont au-delà de l'âge et du sexe ... elles ont rapport au vécu, à la matière, à l'épaisseur que l'on a lorsqu'on est confronté aux images ... et puis aussi à la sensibilité, tout simplement ...
EWS m'a profondément ennuyée, du début à la fin.
Orange Mécanique, que j'ai vu à 18 ans, m'a foutu une trouille terrible, j'en ai encore des frissons en y pensant, alors que je ne l'ai jamais revu. Nullement excitée, totalement épouvantée et dégoûtée par tout ce que j'ai vu ... sensation de nausée rien qu'au souvenir ... Et par-dessus tout, la sensation aussi d'un sacrilège musical qui m'a choquée ...
Peut-être serait-il bon que je le revoie aujourd'hui ... !
Dites donc... vous en avez de la chance vous de recevoir de telles invitations !
Effectivement, je partage l'opinion de vos interlocutrices sur le film de Kubrick.
Basic Instinct est troublant, oui.
L'acteur masculin est à contre emploi par rapport à son personnage habituel de mâle dominant et le rôle qu'il interprête, inspecteur de police garant de l'autorité et de l'ordre, est bien mis à mal. Un parti pris scénaristique intéressant.
quant au personnage féminin, avouez que la séduction tout azimut qu'elle pratique et sa manipulation de l'amante du policier sont aussi troublantes sinon plus que son entrecuisse !
Orgie classieuse et masquée... moi ça me fait plutôt penser à Venise.
B
Moi le scène de film qui m'a le plus excité quand j'étais jeune c'est Demi Moore dans Harcèlement. Flippant quand j'y réfléchis, de fantasmer sur une femme d'affaire autoritaire. Enfin c'était surtout du à Demi Moore je crois, et au fantasme de la MILF. Kubrick c'était un visionnaire et je trouve que la plupart des gens regardent pas ses films de la bonne manière.
Orange Mécanique au niveau de la forme montre la violence du futur de manière crue dans la première partie. Et au niveau du fond montre que la violence amène la violence: la deuxième partie du film, le cercle vicieux montré par la scène de fin et le traitement utilisé pour "guérir" le heros.
Il montre une vision d'une cité urbaine où les jeunes ont pris le pouvoir --> on en est bien la en 2010. Il montre aussi pendant la deuxième partie que les citoyens dits "modèles" sont dans un sens aussi violents que la bande de jeunes filmée pendant la première partie. Ironie de l'histoire, ses potes du début sont devenus flics et le tabassent quand il revient faible. La boucle est bouclée.
Eyes wide shut est selon moi aussi pas mal dans l'anticipation, il est sorti en 99 et en 2010 on sait très bien que le petit milieu bourgeois dit "modèle" ressemble de plus en plus à celui décrit dans EWS, c'est à dire fait d'hypocrisie et de fantasmes malsains.
@ duel au soleil :
Il faut que je revois le film, je l'ai vu il y a 15 ans et je ne me souviens pas de cette scène. Sans doute aurai-je un autre regard.
@ halo :
Je le note en tête de liste des films à (re)voir en priorité.
@ msleelp :
C'est amusant comment Eyes Wide Shut ennuie ces dames. Pourtant au-delà de la tension sexuelle à laquelle on est plus ou moins sensible, il me semble que le film est supérieur à Orange Mécanique. Mais je ne me base que sur des souvenirs anciens. J'avais un ami qui avait vu Orange Mécanique une bonne dizaine de fois et me l'avait raconté en long et en large. A l'époque le film était difficilement visible. Puis un jour il est ressorti en salle et je m'y suis précipité. Par curiosité, ce qu'on m'en avait dit m'avait laissé de marbre. C'est certainement un film intelligent et visionnaire mais sur la forme je l'ai trouvé épouvantable. D'une laideur esthétique et musicale peu commune. Depuis 15 ans ont passé et je doute que ce qui avait déjà mal vieilli ce soit bonifié avec le temps.
@ petite française :
Je suis d'accord avec vous, dans Basic Instinct c'est plus le personnage manipulateur que son entrecuisse qui est troublant. Malgré tout j'en garde le souvenir d'un film assez moyen. Je vais le mettre également sur ma liste de film à revoir.
Oui, moi aussi ça me fait penser à Venise.
PS : je n'avoue que sous la torture
@ rats :
Je n'ai jamais vu Harcèlement. J'ai de grosses lacunes en cinéma américain mainstream. Mon souvenir érotique de jeunesse au cinéma c'est une scène du Facteur sonne toujours deux fois avec Jack Nicholson et Jessica Lange. Mais j'y reviendrai.
Je suis tout à fait d'accord, Orange Mécanique est un film intelligent et visionnaire. Mais si nous sommes bien dans une société à la violence grandissante, les causes ne sont pas forcément celles montrées dans le film. Mais aussi brillant soit-il ce film est pour moi un repoussoir esthétique.
@ rats :
Je ne trouve pas qu'EWS décrive des fantasmes malsains.
Je reçois aussi ces invitations et les regarde avec un peu de dédain...
Ont-ils seulement compris que le cérémonial de cette scène du film de Kubrick n'a rien d'une partouze échangiste mais met en scène des prostituées idéalisées au consentement limite...
C'est un peu le paroxysme de la vision moldue du monde échangiste. Qui devient un archétype de soirée échangiste. Paradoxal.
Pour revenir au film en lui même, je le trouve très ambigu et en fin de compte assez moralisateur. Les fantasmes qui y sont décrits n'ont rien de malsains et la conclusion est une ode au bonheur conjugal...
Pour un film présenté presque partout comme un sommet de perversité, ça cloche un peu.
Et vous n'êtes pas le seul à avoir succombé au magnétisme de J. Tripplehorn dans Basic Instinct...
@ caliste :
Je ne me souviens pas qu'il ait été spécialement annoncé comme un sommet de perversité, ce qu'il n'est manifestement pas. Il était surtout très attendu en raison de la durée et des rumeurs démentes concernant le tournage et... parce que c'était le nouveau Kubrick. Le dernier Kubrick.
Je suis d'accord pour dire que Kubrick est un moralisateur. Je connais peu de cinéastes qui n'en soient pas. Je ne pense pas qu'il ait voulu décrire le monde échangiste. Il ne sert que de révélateur. Il faudrait que je revoie le film. J'aurai forcément un autre regard, ayant un autre vécu, mais je pense que le regard du cinéphile l'emportera sur celui du libertin.
Ce qui fait la force du film pour moi c'est le suspense, la tension érotique, qui atteignent des sommets rarement atteints au cinéma (et certainement pas par Basic Instinct, trop clipesque, trop tape-à-l'œil), de la même façon que Kubrick a été avec Shining l'un des très rares à réussir à me donner des frissons dans le dos. Mais il semble que cette tension ne soit perçue que par les hommes. Ce qui reste pour moi un mystère. J'ai écouté les points de vue féminins, ils se défendent, mais ne m'expliquent pas pourquoi le film ne fonctionne pas sur elles.
Il est clair que les allusions au film pour promouvoir des soirées libertines visent à glamouriser ses soirées. A titre personnel, je trouve l'idée de ne connaitre l'identité et le visage des personnes avec lesquelles on partouze plutôt excitante.
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