vendredi 27 mars 2009

Les vacances de Kinky (2ème partie)

J’ai 17 ans et je passe d’agréables vacances au Maroc. J’aime ce pays dans lequel je me rends régulièrement avec mes parents depuis mes 5 ans. J’aime la chaleur, les gens, les parfums, les couleurs, la douceur quand la nuit tombe et cette lumière particulière le soir. Totalement unique.

La journée je drague autour de la piscine, je joue au tennis sur de splendides cours en terre battue, je me promène sur la plage avec le baladeur sur les oreilles, je vais sur le port observer les marins qui décharge leurs cargaisons de fruits de mer ou flâner dans les marchés aux épices qui représentent une expérience sensorielle indescriptible.

Le soir je me promène dans la ville, avec quelques camarades rencontrés autour de la piscine, et le plus souvent seul. J’ai toujours été plus ou moins solitaire et me perdre dans cette ville si fascinante et mystérieuse quand la nuit tombe a quelque chose de profondément excitant. La ville est en effervescence. Dans quelques jours ce sera la fête de roi. Les marocains, tous sur leur trente-et-un débarquent des villages voisins dans des bus surchargés. Des tas de petits événements ont lieu dans les rues. J’assiste à de fabuleux concerts de musique gnawa, cette musique de transe percussive qui fait fuir les touristes. Je mange des plats indescriptibles.

Un soir alors que je fuis mon hôtel où des touristes idiots s’éclatent à coups de lambada et autres tubes moisis dans une discothèque ringarde où des animateurs fatigués les divertissent à coup de grosses ficelles, une main saisit discrètement la mienne en pleine rue. Un bref contact qui me fait frissonner. Elle doit avoir 18/20 ans. Elle a des grands yeux bleus en amande, profonds comme l’océan, avec des cils interminables. Un regard qui vous transperce et vous envoute instantanément. Je me sens nu et incroyablement en confiance. Son visage est d’une beauté inouïe, ses cheveux sublimes. Coup de foudre immédiat. "Tu veux faire l’amour ?" me demande-t-elle avec un accent très marqué et une voix d’une douceur inimaginable.

Il me faut quelques secondes pour reprendre mes esprits, totalement ensorcelé par la beauté de cette fille, et comprendre de quoi il s’agit. Je n’ai pas beaucoup d’argent sur moi, et surtout, je n’ai jamais payé pour du sexe. Elle me prend à nouveau la main. J’en ai des frissons sur tout le corps et ce seul contact suffit à me faire bander. Je suis totalement sous le charme. Mais trace ma route.

Je flâne dans les rues animées en repensant à ce qui vient de m’arriver, à la beauté stupéfiante de cette jeune femme. Partagé entre désir et répulsion pour l’amour tarifé. Ça se bouscule dans mon cerveau. Mais dans ce duel c’est le désir qui l’emporte. Quelques jours plus tôt un marocain avec qui j’avais pris l’habitude de jouer au tennis m’avait proposé de m’emmener dans un bordel local.
L’idée m’avait extraordinairement excité. L’éventualité de me faire dépouiller m’avait vite refroidi.

Je tombe sur un concert incroyable, quelque chose comme de la musique classique arabe, avec arrangements de cordes fabuleux et voix féminines pénétrantes et hypnotiques. Et toujours cette douceur de l’air, cette lumière incroyable, presque mystique. Et la désarmante sensation d’effleurer les choses, d’être incapable de vraiment prendre le pouls de ce pays. Le concert terminé je rentre à l’hôtel, avec le secret espoir de croiser sur mon chemin une jolie berbère aux yeux de biches. Je sais très bien au fond de moi que si elle me propose encore de faire l’amour avec tant de douceur dans le regard et dans la voix je finirai par céder.

Je la cherche discrètement du regard. Je me dis que j’ai laissé passer ma chance, quand à une dizaine de mètre de l’entrée de l’hôtel j’entends une voix qui m’interpelle. Je me retourne et elle court vers moi. Les battements de mon cœur s’accélèrent. J’ai les jambes qui flanchent. Même si la façon très sobre dont elle est habillée ne trahit en rien son activité, je suis quelque peu gêné d’engager une conversation si près de mon hôtel d’où mes parents peuvent entrer ou sortir à tout moment. Je lui indique une petite rue à quelques mètres de là où nous pourrons discuter calmement. J’ai un peu honte d’avoir honte de lui parler.

Je suis excité comme une puce et c’est la révolution dans mon caleçon. Elle parle assez mal le français mais nous arrivons tout de même à communiquer. Nous nous mettons d’accord sur le prix de sa prestation. J’ai honte de la somme dérisoire qu’elle me demande pour ce que j’imagine comme un sommet d’intensité dans ma courte vie sexuelle. Reste la question du "où" ? A l’hôtel c’est inimaginable, je partage ma chambre avec mon jeune frère qui est déjà couché. Je lui propose la plage, toute proche. Elle accepte. Elle me prend la main et nous descendons la petite ruelle qui mène à la plage. Je bande comme un fou.

Nous arrivons sur la plage et elle se fige. Elle m’explique que ce n’est pas possible. Quand je l’interroge, elle me répond "dangereux" puis "mafia". Je n’insiste pas. Ne perdant pas le nord, elle me propose de le faire dans les buissons, juste à côté du mini-golf de l’hôtel. C’est à ce moment là que j’ai un éclair de lucidité. Je n’ai pas de préservatif avec moi. Je lui demande si elle en a un. Elle ne comprend pas. "Condom ?" lui dis-je. Non me dit-elle d’un signe de tête avant de me prendre la main pour m’entrainer dans les fourrés.

Je rentre à l’hôtel la queue entre les jambes, un peu assommé par toute cette aventure terminée en eau de boudin. Deux jours plus tard, rentrant à l’hôtel avec un groupe d’amis, je la croise sur le même trottoir où nous nous sommes rencontrés la 1ère fois. Elle me lance un regard bref et froid. Elle vient de conclure l’affaire avec une caricature de touriste allemand vieux, gras et ventripotent. J’ai le cœur déchiré de la voir partir, totalement insouciante, avec ce portefeuille sur pattes à qui ça ne va sans doute pas poser de problèmes de la baiser sans capote.

Les quelques instants d’infinie douceur de notre « rencontre » restent comme l’un des plus beaux souvenirs érotiques de mon adolescence.

12 commentaires:

Emeline a dit…

Moralité : toujours avoir des capotes sur soi ;)

Tu as déjà couché avec une prostituée ?

L singulière plurielle a dit…

Vous évoquez tant en ces mots. Je suis jalouse.

Kinky a dit…

@ emeline :
Rires... il vaut mieux oui.
Je n'ai (encore) jamais payé pour baiser (si on compte pas verres et restos).

@ l singulière plurielle :
Pff...

Emeline a dit…

Non, ça ne compte pas, verre, resto...

Après tout, nous les femmes avons aussi nos frais (si tu savais tout ce que je dépense dans des bas ; ça se file à une vitesse, ces cochonneries...) ;)

Kinky a dit…

@ emeline :
Rires... Donc ma réponse est non ;-)

caliste a dit…

j'ai des souvenirs en écho, à Rabat. Le sexe dans ce pays est le paroxysme des contradictions, des envies réprimées et des limites morales (en tout cas celles que j'essaie péniblement de me fixer). Une espèce d'eden à fuire, plein de faux-semblants mais tellement tentant.

Note à moi-même : faudrait que je les mette sur papier, ces souvenirs (façon de parler).

L singulière plurielle a dit…

rires (matinaux...)

Kinky a dit…

@ caliste :
Cela fait très longtemps que je ne suis pas retourné au Maroc où ça a pas mal changé d'après ce que j'ai pu entendre ici et là. Le tourisme sexuel n'a rien de très reluisant.

@ l singulière plurielle :
Femme qui rit...

Prune a dit…

heu lol mais ou est la première partie de ses super vacances! j'ai du loupé un truc moi mdr! En tout cas c'est trop bien raconté! Je suis rentrée dans l'histoire, et me suis évadée avec vous vers ce beau pays. Mon chéri y a vécu quelques temps, mais il était tout petit lol donc pas pu connaitre de belles Berbéres aux yeux de biches lol! Bisous cher Kinky!

Kinky a dit…

@ prune :
La 1ère partie est ici ;-)

caliste a dit…

Non seulement le tourisme sexuel n'a rien de reluisant en tant que tel mais en plus il a pourri jusqu'à la trogne la plupart des relations qui peuvent se nouer là-bas. Je dis bien la plupart car je ne veux pas généraliser. Mais la mercantilisation des sentiments dépassent de loin le simple cadre de la prostitution.

Prune a dit…

Haa mercii! j'ai cherché mais ne suis pas remontée aussi loin! Vous ecrivez tres bien cher Kinky, c'est un régal de vous lire! Et puis j'adore quand les autres raconte un peu de leur enfance ou de leur adolescence, tous les émois qu'ils ont ressentis!!Bisous nuageux du sud sniff!!