vendredi 9 octobre 2009

Errances

14h05

Un café et c'est reparti. Faire illusion. Démangeaisons dans le bas ventre. Pulsions de débauche, d'excès et d'indécence. De nouveauté et d'inconnu. De temps hors du temps. J'entre pseudo et mot de passe. Les plans de dernière minute ne sont pas évidents à organiser en semaine. Alors que c'est si simple sur Meetic. Mais j'y suis tricard. Qui ne tente rien n'a rien.


14h10

De moins en moins à l'aise sur ce site. Pourtant j'y ai fait de belles rencontres. Etalage des chairs. L'impression de toujours croiser les mêmes têtes, si je puis dire. Parmi les femmes seules connectées, beaucoup de quadras sans photos. Les quadras sont de bons coups mais elles fuient les "p'tits jeunes".


14h16

Je reçois un mail d'une jeune chargée de comm' qui me fait sortir de mes gonds. J'ai épuisé tout mon stock de patience et d'indulgence. Le client est roi. Il est souvent le roi des cons.


14h18

Une phrase laconique en guise de présentation : "Album ?" Même pas de bonjour. Degré zéro de la communication. Besoin d'un carré de chocolat. Ou d'une pipe.


14h21

J'appelle L, une cliente dont la voix fait se dresser mes poils sur les bras. Mais pas que. Elle en joue bien évidemment. C'est une grande bavarde. Plus efficace que le téléphone rose. Ma collègue qui l'a rencontrée, elle, me dit qu'elle est tout à fait charmante à tout point de vue. Je lui confie qu'à chaque fois je me sens tout chose après avoir raccroché. Elle m'avoue qu'elle aussi. Putain, j'ai faim de chatte.


14h57

Je fais connaissance sur le site d'une jolie trentenaire, look de garçonne à la Jean Seberg. Je suis charmé. Nouvelle inscrite mais pas novice en libertinage. Dialogue qui démarre sur les chapeaux de roue. Puis soudain plus rien. Plus de réponse. Je ne me formalise même plus pour ça. Mais j'ai quand même besoin d'un carré de chocolat. Au lait avec des noisettes. Ou d'une pipe.


15h01

Je lance une recherche en prévision d'un probable déplacement professionel à venir. J'hallucine du nombre de jeunes filles sexy inscrites en région parisienne, de la variété de leurs profils et aspirations. Sans être dupe.


15H13

Un couple "débutant" avec lequel je suis en contact sporadique depuis trois semaines vient me relancer. Pas de photo disponible. "Bientôt" me disent-ils depuis trois semaines. Ça sent le mauvais plan. Je romps le dialogue.


15h18

Qu'ils se présentent comme amateurs de hard ou de "porno chic dans une ambiance bulles", les couples sont incapables d'exprimer une envie au-delà de "passer un agréable moment" ou "on cherche un homme pour s'occuper de madame". Finalement assez peu de fiches qui suscitent l'intérêt et le désir. Les attentats linguistiques du style "nous sommes un couple qui aimons s'amuser" me sont de plus en plus rédhibitoires.


15h21

Je mate la vidéo fort sympathique et distrayante d'une appétissante femme callipyge moulée dans un jean bien trop petit pour elle et qui exhibe ses charmes de façon délicieusement provocante en pleine rue lorsque mon employeur surgit sans que je ne l'entende venir. La faute à Sonny Rollins qui souffle comme un diable dans son saxophone. J'ai juste le temps de fermer l'objet du délit. Laisser tomber l'iPod quand je chasse au boulot.


15h34

Beaucoup de cyber-libertins mentent sur leur âge. Ou alors ils ont passé leur vie à travailler dans les mines de Sibérie.


15h41

Un jeune responsable de comm' qui s'exprime comme un candidat de Secret Story m'apprends par mail que son stage se termine ce soir. En plein projet. Je vais devoir reprendre tout à zéro avec le/la stagiaire qui le remplacera. Ainsi va la gestion de projets dans les grandes entreprises françaises. J'ai besoin d'un carré de chocolat. Ou d'une pipe.


15h47

J'entre en contact avec une photographe plutôt douée à en croire son book. Sa motivation est artistique. Mais l'Art a un prix.


15h52

Le contraste est saisissant entre la classe infinie de Lady Day qui caresse mes oreilles et les exhibitions de membres turgescents, fesses molles et de trous béants qui défilent sous mes yeux las. De très belles photos tout de même parfois. Je passe en mode rock & roll seventies.


15h58

Une bombasse me propose… ses dessous souillés. Ça faisait longtemps. Je lui propose un échange. Son string contre deux vieilles paires de chaussettes. Ça ne la fait pas rire.


16h17

Le couple débutant vient d'ajouter des photos à son profil. La miss a un joli cul ma foi. Je tente une relance. Ils me snobent. Je l'ai bien cherché.


16h21

Miracle, le logo orange clignote. J'ai un message. D'un(e) "trans non opérée" à la féminité assez stupéfiante. Je ne crois pas être encore prêt pour cette aventure. Je suis flatté tout de même.


16h24

Je commence à me faire à l'idée de passer une soirée calme et reposante. Un bon petit repas et un bon livre, ça peut le faire. J'ai envie d'un carré de chocolat.


16h26

Non, non, non, ce soir j'ai envie de perdition en territoires inconnus.


16h57

C'est maintenant un travesti qui m'aborde. "Je suis très féminine" m'assure-t-il/elle, comme si ça pouvait me faire changer d'avis. Curieux je lui demande de m'ouvrir son album privé. Il/elle ressemble à Jean-Marie Messier avec une perruque. C'est drôle et pas à la fois.


17h11

L'intro me donne instantanément la chair de poule. "And now I wanna be your dog…" chante Iggy. Fuck, yeah !


17h13

"Proposez-moi vos scénarios, je suis très ouverte" lit-on sur sa fiche. Je lui propose un petit scénar improvisé où elle tient la cravache. Je lui aurais proposé de se faire sodomiser par une bande de clochards dans une décharge publique qu'elle n'aurait pas été plus outrée. Une femme sur deux sur le site déplore sur sa fiche que les hommes ne savent pas lire.


17h15

Le volume de mon éjaculat est primordiale pour une vie sexuelle épanouie tente de me convaincre un de ses spams reçus des Amériques. Attention, la satisfaction de mes partenaires en dépend. Je suis circonspect. Mais il y a une logique à tout ça. D'abord je me suis allongé la bite grâce à leurs extenseurs. Ensuite j'ai augmenté le volume de mes couilles grâce à leurs pilules. J'ai pris leurs cachets pour baiser toute la nuit sans débander. Il ne me manque plus qu'à éjaculer des hectolitres. J'attends avec impatience le remède miracle qui donnera à mon sperme le goût de fraise tagada.


17h17

Je fais le test. Je me vante auprès d'une jeune femme à la poitrine provocante d'être capable d'éjaculer comme vache qui pisse. Test peu concluant. J'aurais du écouter mon instinct.


17h18

Note à moi-même : me créer un profil Facebook.


17h22

"Messieurs, séduisez-moi, soyez imaginatifs". Vous êtes mimi comme tout et devez être une bombe au lit mais non, je refuse. C'est toujours à l'homme de séduire, d'être original, d'éveiller vos sens.

En vérité elle a le cul flasque et habite à plus de 500 km.


17h33

F. vient me faire un petit coucou. Elle refuse de me rencontrer sous prétexte que je suis maqué mais reviens régulièrement à la charge. Puis se dégonfle. Dommage. Elle a une paire de seins comme en rêve tout homme hétérosexuel.


17h41

C'est fou le nombre de nanas qui aiment faire la leçon. Des chieuses. A ce jeu là les parisiennes ne sont pas les dernières.


17h53

Un quinqua bon chic bon genre me branche pour que je vienne chez lui faire un massage à sa femme ce soir. Ambiance champagne, lumière tamisée et bougies. Je lui explique que je ne suis pas assez motivé pour faire 400 bornes aller-retour pour un simple massage. Si je m'y prends bien avec madame je pourrais l'enculer, me dit-il avec un gros clin d'œil émoticône. La rupture de ton me fait sourire.


17h54

La nouvelle vient de tomber. Nous venons de décrocher le gros contrat que nous attendions. La nouvelle a sur moi autant d'effet que la sortie d'un nouvel album de Muse. Lent suicide professionnel. Je traite les urgences, délègue et botte en touche. Le reste attendra demain. Sam Cooke pour terminer.


18h41

Une amie bloggeuse me tient informé des dernières coucheries de l'éroblogosphère. J'ai envie de cuisine thaïlandaise et de gros nichons qui sentent bon le sable chaud. Il est temps de rentrer à la maison.


Aucun commentaire: